Femme et VIH-SIDA : la charge d’être vectrice et porteuse

Article : Femme et VIH-SIDA : la charge d’être vectrice et porteuse
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5 décembre 2013

Femme et VIH-SIDA : la charge d’être vectrice et porteuse

Mon intention n’est pas de considérer les femmes atteintes du VIH/SIDA comme étant plus en détresse que d’autres. Toute personne atteinte de cette maladie est une personne en détresse, tant le mal réside dans son incurabilité et la marginalisation qu’elle déclenche.

L’Afrique subsaharienne brille par son taux de prévalence important. Mais honnêtement, cette phrase ne veut rien dire car il existe une grande disparité entre les régions, les pays, les classes sociales, et de manière plus significative entre les sexes (nous y voilà). J’ai lu un article qui fait état d’une séropositivité de plus en plus féminisée ; cela m’a fait grincé un peu les dents.

Je ne pense pas que le VIH-SIDA se féminise, je pense qu’il l’a toujours été. S’il y a toujours eu des comportement à risques, je ne pense pas qu’ils aient été le seul apanage des hommes ; d’autant plus que les femmes subissent les comportements à risque des hommes.

Depuis peu, des chiffres démontrent la féminisation du VIH-SIDA. Cette réalité est essentiellement dû à une augmentation du dépistage des femmes. Ce constat est une bonne chose car il illustre une prise en compte de la pandémie par les femmes, et une accessibilité accrue aux centres de dépistage. Cela dit, les importantes inégalités des sexes qui résident en Afrique subsaharienne imposent aux femmes la double charge d’être à la fois vectrices et porteuses du VIH-SIDA.

Les femmes face aux défis de la vulnérabilité économique, sociale et physique

Triste est de constater que l’homme est souvent celui qui décide du « où, quand et du comment » des relations sexuelles. Et encore on parle de relations consentantes. Il est ainsi plus facile de contaminer une femme.

D’abord, des prédispositions biologiques rendent l’appareil génital féminin très perméable à la contamination. La présence de muqueuses, la fragilité des tissus du vagin sont autant de facteurs qui se transforment en portes ouvertes. Ces prédispositions deviennent plus fragilisées pendant le viol. Et lorsque dans un pays comme l’Afrique du Sud, qui détient le plus fort taux de prévalence VIH-SIDA au monde, une femme se fait violer toutes les 17 secondes, cela en dit long sur la difficulté de faire reculer l’apparition de nouveaux cas de contamination.

Ensuite, les inégalités de genre, souvent liées aux rôles sociaux, enferment les femmes dans un déni de la maladie. Un homme sera pardonné d’avoir plusieurs partenaires sexuelles, tandis qu’une femme n’est pas censée en avoir. C’est à ce titre que prédomine la gêne de se faire dépister, sans oublier que même si elle souhaite l’utilisation du préservatif il est difficile pour elle de l’imposer à son partenaire. Beaucoup de femmes mariées apprennent leur séropositivité pendant leur grossesse, grâce au programme mère-enfant. À ce stade une réelle conscience de la gravité de la maladie, et la rigueur dans le traitement sont importants pour empêcher la transmission de la mère à l’enfant.

Enfin, la pauvreté féminine augmente les conduites à risque. Ici je parlerai essentiellement des travailleuses du sexe. Ces dernières contribuent activement à la propagation du VIH-SIDA tant elles participent à leur propre contamination, mais aussi à celle des autres. Obligées de répondre aux exigences des clients qui ne veulent pas utiliser le préservatif, elles se livrent à des relations sexuelles non protégées. Une fois contaminées, la détresse financière encourage beaucoup à continuer à exercer leur métier tout en cachant leur contamination. Ce documentaire fait état d’un constat affligeant lorsqu’une travailleuse du sexe séropositive avoue avoir eu des relations sexuelles avec 15 hommes en un soir, et n’avoir utilisé le préservatif que pour 5 d’entre eux.

Une lutte sur deux fronts

Aujourd’hui, les centres de dépistage augmentent en nombre, les États favorisent de plus en plus la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les couts du traitement du VIH-SIDA sont continuellement accessibles. On pourrait dire que tout va bien, mais pourtant persistent des lacunes dans la prévention. Il est certes important de sensibiliser les femmes, notamment pour empêcher la contamination de la mère vers l’enfant, mais le plaidoyer contre les conduites à risques doit fortement impliquer les hommes.

À ce stade, il s’agit de comportements sexuels, d’actes qui relèvent de l’intime et du privé. On est loin de la scolarisation de la jeune fille ou de l’accès à l’emploi, on est dans la sphère privée. Dans la mesure où le préservatif féminin est moins adopté, et que des gels spermicides satisfaisants et abordables ne gagnent pas le marché africain, l’utilisation du préservatif doit être systématique pour éviter la contamination des autres et de sa propre famille.

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